Quand une entreprise perd de l’argent, la responsabilité en est toujours imputée à ses dirigeants ou à son personnel. Ceux-ci doivent alors rendre des comptes devant leurs actionnaires, lesquels peuvent saisir la justice, qui cherchera un repreneur. Et s’il ne s’en trouve pas, elle procédera à une vente des actifs, avant de prononcer une mise en liquidation. Il s’agit-là d’une règle qui a cours en tout lieu – sauf en Israël.
C’est sans doute cette particularité qui « explique » que notre ‘hévrat ‘hachmal nationale, la Compagnie Israélienne d’Electricité (CIE) puisse afficher depuis des années un passif dont le montant n’a cessé de croître. Au point d’atteindre des proportions plus qu’inquiétantes : 70 milliards de shékels de dettes actuellement. Au terme de trois années d’investigation, les services du Contrôleur de l’Etat viennent de remettre à Joseph Shapira les conclusions d’une enquête dont les conclusions sont sans appel : le renchérissement du coût de l’énergie n’y est pour rien. Selon le Contrôleur de l’Etat, le seul et unique responsable de cette situation, c’est l’Etat – actionnaire à 99,85 % de la Compagnie d’électricité. Ce même Etat dont les différents gouvernements se sont bien gardés, depuis 23 ans, de remettre en question les privilèges (électricité gratuite) et le niveau exorbitant des salaires des employés de la CIE : 24 000 shékels en moyenne en juin dernier – alors que le salaire médian israélien se situait à 9 447 shékels, selon les chiffres officiels du Bureau des Statistiques.
Fuite en avant
Cette « particularité », régulièrement épinglée par les journalistes économiques, n’est pas sans provoquer divers remous dans l’opinion israélienne, de plus en plus soucieuse de justice sociale. Selon Koby Yeshayahou, qui suit le dossier pour le quotidien économique Globes, la situation n’est pas près de s’améliorer. Cet été, pour gérer les pics de chaleurs et climatiser le pays du nord au sud, la Compagnie a répondu par une surconsommation de fuel, lui coûtant 100 millions de shékels par jour. Une dépense qu’elle a dû couvrir en sollicitant de l’Etat – en urgence – une garantie de 3,1 milliards de shékels… Pour l’heure, les principaux fonds de pension israéliens qui ont investi dans la Compagnie se demandent ce qu’il adviendra de leurs avoirs quand viendra l’heure du redressement, car il y a une limite à la fuite en avant. En attendant, cette gestion anarchique d’une activité aussi essentielle pour la vie d’un pays pourrait faire un cas d’entreprise intéressant dans les écoles de management. Source hamodia.fr