Embouteillages, routes encombrées, centres-villes saturés : toutes ces heures perdues dans les transports ont un coût social (estimé à 20 milliards de shékels/an) que les responsables israéliens tentent de réduire. Un objectif d’autant plus difficile à atteindre que la voiture individuelle reste le moyen de transport préféré des Israéliens.

Certains chiffres posent un réel casse-tête aux dirigeants israéliens. En 2011, les automobilistes israéliens ont parcouru 51 milliards de kilomètres sur les routes de l’Etat hébreu, soit 1,8 % de plus qu’en 2010. Mais il y a plus : cette augmentation dépasse de 10 % les prévisions du comité Sheinin. Mise sur pied en 2005, cette instance a été chargée de définir une nouvelle politique des transports jusqu’à l’horizon 2015. Certaines de ses recommandations sont aujourd’hui mises en application. Ainsi les grands axes routiers sont de mieux en mieux entretenus et sécurisés et la politique de responsabilisation des conducteurs s’intensifie. Par contre, nos dirigeants butent sur un point noir : l’accroissement exponentiel du parc automobile israélien. « Si la tendance continue, dans 15 ans, on ne pourra plus circuler en Israël », confie un expert. 

Le règne dominant de la voiture
Premier responsable : le culte de la voiture individuelle. A mesure que l’idéologie socialiste et égalitaire des débuts de l’Etat hébreu s’est effacée devant une vision du monde plus individualiste et libérale, les Israéliens ont progressivement délaissé les transports en commun pour voyager dans leur propre voiture – encouragés en cela par l’Etat toujours avide des ressources fiscales supplémentaires, provenant de l’essence et des taxes sur les véhicules. Cette tendance, un simple retour en arrière la confirme : dans les années 70, 70 % des déplacements étaient effectués en bus et 30 % en voitures privées. Aujourd’hui, pour les habitants des trois principales villes du pays, c’est l’inverse : 77 % d’entre eux utilisent leur propre voiture et les 23 % restant se déplacent en bus ou en train. Résultat : le parc automobile israélien croît de 3 % par an.
Second responsable : le déclin du réseau ferré israélien. A l’époque du Mandat britannique, il y avait 1 400 km de voies de chemin de fer. Il n’y en a plus que 1 100 aujourd’hui. Pendant des années, les investissements publics se sont appliqués à développer l’infrastructure routière. Résultat : davantage de pollution, congestion urbaine, mortalité routière en hausse. Une situation sur laquelle – c’était en 2007 ! – un rapport des Nations-Unies attirait l’attention : Israël est le pays du monde occidental où l’on circule le plus mal. Selon The Economist, la Grande-Bretagne aurait réussi à réduire de façon exemplaire le nombre de kilomètres parcourus en voiture individuelle, au point de retourner aux chiffres de 1970.
L’avenir dira si Israël, qui est aussi – à sa manière – une île, saura inverser une tendance qui, si l’on n’y prend garde, pourrait bien paralyser à terme le fonctionnement de notre société. En attendant les réformes qui s’imposent – et auxquelles le public devra être préparé – on continuera à rouler à 7 km/h pour entrer à Tel-Aviv ou Jérusalem. Vitesse qu’un jogger moyen dépasse aisément…Par David Jortner, dn partenariat avec Hamodia.fr