C'est le jeudi 2 août 1990 que débute l'invasion du Koweït par l'Irak. À 2h du matin, Saddam Hussein lance ses troupes d'élite à l'assaut de l'émirat : la petite armée koweïtienne est balayée, l'émir et une partie de sa famille échappent de justesse aux commandos irakiens. En quatre heures, l'opération est terminée.

Les États-Unis et l'ONU réagissent immédiatement : le président George Bush lance un ultimatum à Saddam : « Si d'ici le 15 janvier 1991, l'Irak n'a pas retiré ses troupes du Koweit, nous lancerons une riposte pour libérer le pays occupé ». Au cours des quatre mois qui vont suivre, le président américain va parvenir à former une incroyable armada internationale qui rassemble des unités de 34 pays dont plusieurs pays arabes modérés. Seuls Yasser Arafat et les Palestiniens se rangent au côté du dictateur de Bagdad.
Les pressions de la communauté internationale n'affectent pas la détermination de Saddam. Au contraire : celui-ci menace à plusieurs reprises de lancer des missiles non conventionnels sur Israël s'il est attaqué. Tsahal distribue à toute la population des masques à gaz pour se protéger. Dans la nuit du 16 au 17 janvier 1991, au terme de l'ultimatum, les alliés se lancent à la reconquête du Koweit. C'est le début de l'opération " Tempête du Désert ". La nuit suivante, Saddam tient parole : les premiers missiles irakiens frappent de plein fouet Ramat Gan. Des millions d'Israéliens sont réveillés par la sirène d'alerte. Ils entendent pour la première fois à la radio le nom de code " Na'hach Tsefa "(Vipère) : ce code signifie aux Israéliens qu'ils doivent entrer dans les " chambres étanches " préparées depuis des semaines et d'enfiler leur masques à gaz. Les premières alertes seront traumatisantes : personne ne sait en effet si les missiles irakiens sont " chimiques " ou non. Même le porte-parole de l'armée, le général Na'hman Chaï ne reçoit aucune directive précise. Mais d'une voix calme à la radio, il rassure les Israéliens et leur suggère de " boire un peu d'eau "….
Par la suite, les autorités israéliennes vont indiquer à la population son nouveau mode de vie sous la menace irakienne : « Israël n'est pas mêlé aux combats dans le Golfe, dit-on, mais par mesure de prudence, la population est priée de se déplacer avec les masques à gaz. La population est priée d'écouter la radio et de suivre les instructions de la Défense passive ». Israël est placé sous " régime spécial de défense civile ".
Durant les six semaines du conflit, ce sont surtout les villes de Ramat Gan et Tel Aviv qui seront touchées par les missiles Scud à tête conventionnelle tirés à partir de l'Irak. Au début de la guerre, ces missiles sèment la panique dans la population. De nombreux Israéliens de la métropole de Tel Aviv décident de s'exiler dans le sud du pays ou à Jérusalem où l'atmosphère est plus sereine. Au fil des jours la menace non-conventionnelle s'estompe. Et les Israéliens vont apprendre à vivre un masque à gaz en bandoulière. Dès la tombée de la nuit, après leur travail, ils rentrent chez eux.
Le héros de cette guerre passive est le général Na'hman Chaï qui à l'aide de sa voix posée devient le " calmant national " : c'est lui qui renseigne et rassure, plaisante et sait redevenir sérieux lorsqu'il le faut. Le Premier ministre Its'hak Shamir, lui, a choisi de rester discret. À l'issue d'une réunion du conseil des ministres et malgré les pressions venant d'une partie de la Droite, Shamir décide de ne pas riposter aux agressions irakiennes. Les Américains lui promettent en échange de neutraliser les rampes de missiles situées à l'ouest de l'Irak. À l'issue de six semaines de guerre, le bilan est stupéfiant : 39 missiles ont frappé Israël. Il y a certes quelques blessés mais pas un seul mort n'est recensé à l'exception d'un Israélien victime d'une attaque cardiaque.
Le 28 février 1991, 14 Adar 5751, le jour de Pourim, la guerre du Golfe est officiellement terminée : les armées alliées ont défait l'armée irakienne même si elles n'ont pas réussi à éliminer Saddam Hussein. Ce jour là, les Israéliens peuvent enfin retirer leurs masques.. pour revêtir leurs déguisements et fêter, avec une ferveur toute particulière, le miracle de Pourim…

Source: Hamodia en français