Extrait 4 : Les solutions (Fin)

«Si vous étiez Dieu»

IV. LES SOLUTIONS

Maintenant que nous avons compris les limitations fondamentales que s’est imposées Hachem, essayons de « nous mettre à Sa place ».

La règle la plus importante est celle qui nous interdit de révéler notre présence.

Celle-ci étant prise en compte, revenons à notre problème de départ et imaginons un microcosme où nous serions en situation de « jouer à Hachem ».

Cette simulation a été discutée au sein de plusieurs groupes et ce que l’on va lire ci-après constitue pour une large part les conclusions auxquelles ils ont abouti. Vous pouvez cependant, avant de poursuivre, relire le problème et tenter de tirer vos propres enseignements.

Parmi les solutions envisagées, beaucoup ressemblaient à une sorte d’immense partie d’échecs dont l’île aurait été le théâtre. A coups de mouvements et de parades, une stratégie serait mise au point, destinée à faire progresser les indigènes dans la direction désirée. A l’instar d’un grand Maître, il s’agirait de dominer en permanence l’échiquier, l’objectif étant d’aboutir au résultat voulu.

On peut évidemment disposer des ressources nécessaires pour gagner, mais certains problèmes vont bientôt apparaître. Une de ces difficultés, et non des moindres, est que chaque mouvement peut prendre des décennies, voire des siècles. On peut arriver à des résultats, mais au prix d’un bien long, d’un interminable processus. On peut avoir tout le temps devant soi, mais chaque année qui passe apporte d’autres lots de souffrances.

Un autre problème, encore plus ardu, va se poser. Il faut exercer une influence sur les événements, mais le but ultime est l’amélioration des valeurs des indigènes. Or, même si on a réussi à inculquer une leçon à une génération donnée, elle risque d’être oubliée par la suivante. La tâche la plus difficile est donc de parvenir à faire des valeurs positives une part intégrante de la culture insulaire.

Une des suggestions les plus fréquemment proposées au cours des discussions consistait à essayer d’exercer une influence sur l’île en utilisant des infiltrés. Du moment que le procédé ne serait pas apparent, il serait dans les règles.

 

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L’infiltration servirait à un double titre : les « clandestins » pourraient d’abord servir d’exemples. Ils construiraient une société modèle qui, à condition de durer assez longtemps, inciterait les indigènes à l’imiter ou du moins à s’en inspirer.

Ils pourraient ensuite servir à apporter un enseignement direct aux autochtones. Une partie de leur culture parviendrait ainsi à les imprégner progressivement et elle élèverait leur niveau moral. On accélérerait de cette manière la conclusion de la partie.

Les infiltrés se trouveraient constamment en situation de grand péril. Opérant selon un système de valeurs différent, ils seraient toujours considérés comme des étrangers. Plus leur message différerait de celui de la majorité, plus ils seraient rejetés. Eparpillés sur tout le territoire de l’île pour y répandre leur message, ils y deviendraient une minorité persécutée. Selon les règles du jeu, on ne pourrait pas grand-chose pour les aider. Tout au plus faudrait-il conduire la partie de telle manière à les protéger au maximum.

Afin d’éviter de se manifester, les communications avec les infiltrés devraient être maintenues au niveau minimum. Il leur faudrait vivre dans l’île pendant de nombreuses générations, dispersés parmi les indigènes, et des sauvegardes devraient être instituées afin d’empêcher leur assimilation aux valeurs locales corrompues. D’une certaine manière, leur situation de minorité persécutée constituerait en soi une barrière à une telle intégration. Mais il faudrait, pour l’essentiel, qu’ils jouent leur rôle dans l’ignorance de la stratégie globale.

Les autochtones deviendraient progressivement conscients de votre présence. Vous pourrez même, la partie terminée, vous révéler à eux. Le rôle des infiltrés serait lui aussi alors révélé. Comme membres de votre organisation, ils deviendraient tout naturellement les guides et les enseignants de l’île.

 

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CONCLUSION

L’examen de ce microcosme permet, vous l’aurez deviné, de se rendre largement compte de la manière dont Hachem agit avec le monde. Il s’attache à l’amener à un état de perfection, représenté selon notre Tradition par la promesse messianique. Hachem dirige à cette fin, en permanence, les forces de l’Histoire, mais le processus de cette évolution est lent. Cette « partie » est essentiellement constituée de tout ce qui compose l’épopée humaine.

Vous aurez également reconnu les infiltrés. Il s’agit du peuple juif, qui a reçu par les enseignements de la Tora les bases d’une civilisation parfaite. Une collectivité qui vit en accord avec ces principes donnés par Hachem peut se poser en exemple de société saine, exempte de tous les maux de la culture avoisinante.

Lorsque Hachem a donné la Tora, Il a déclaré au peuple juif[1] : « Soyez saints pour Moi, car Je suis saint, Moi Hachem, et Je vous ai séparés d’avec les nations pour que vous soyez à Moi. »[2]. La mission d’Israël consiste à donner un tel exemple, comme il est dit[3] : « Observez (les commandements) et pratiquez-les ! Ce sera là votre sagesse et votre intelligence aux yeux des peuples, car lorsqu’ils auront connaissance de toutes ces lois, ils diront : `Elle ne peut être que sage et intelligente, cette grande nation !’ »

Nous avons pour mission de porter témoignage du plan de Hachem pour l’humanité, comme il est écrit[4] : « Vous, vous êtes Mes témoins, dit Hachem, et le serviteur choisi par Moi, pour reconnaître, pour croire en Moi. »[5] De même, Hachem dit à Son prophète[6] : « Moi, Hachem, Je t’ai appelé pour la justice… et Je t’établis pour la fédération des peuples et la lumière des nations. »[7]

On nous apprend ainsi qu’Israël est comme le cœur de l’humanité ; il bat sans arrêt et infuse dans tout le genre humain la foi en Hachem et en Ses enseignements[8].

C’est dans cet esprit que le judaïsme a donné naissance successivement au christianisme et à l’islam. Ces religions sont certes éloignées de la perfection, mais, dans la mesure où elles s’éloignent du paganisme, elles constituent un pas dans la bonne direction[9]. Cependant, le pas final est encore à franchir.

Ce qui est important, c’est que les Juifs, du moins ceux qui observent la Tora, continuent de servir d’exemple de société parfaite établie par Hachem. La Tora et ses commandements représentent en effet la sagesse la plus élevée pour l’avancement de la société humaine. Le tsaddiq (« juste intégral ») est l’être le plus proche de la perfection.

La situation unique dans laquelle se trouve Israël, du fait de son acceptation de la Tora de Hachem, aura un jour pour résultat la destruction de toutes les autres cultures. En attendant, elle lui vaut également la haine que lui vouent ces cultures. Nos Sages nous enseignent que, tout comme l’olive doit être écrasée pour donner son huile, Israël est souvent persécuté avant qu’il produise sa lumière[10]. C’est ce que Hachem a dit à Son prophète[11] : « Il ne brise pas le roseau rompu, Il n’éteint pas la mèche qui fume encore, c’est en toute vérité qu’Il proclame le droit. Il ne se lassera ni se rebutera qu’Il n’ait établi la justice sur la terre : les îles attendent Sa doctrine. »[12].

Notre époque nous incite à nous poser de nombreuses questions. La presse, la télévision transportent les horreurs du monde jusqu’à nos portes et dans nos salons. Ce qui nous était jadis dissimulé par des distances infranchissables s’étale aujourd’hui devant nos yeux. Nous sommes les spectateurs directs de la souffrance, des massacres, de la famine, et nous nous demandons comment Hachem peut tolérer un tel mal. Pour le Juif, la question de l’extermination de six millions de ses frères demeure constamment au premier plan de tout débat de cette nature.

Mais pour celui qui comprend les vraies profondeurs du judaïsme, la question ne se pose pas. Une fois évalués la vraie raison de l’existence et le but de la création, non seulement les raisons sont trouvées, mais les interrogations elles-mêmes cessent d’être à l’ordre du jour.

L’un des plus grands maîtres juifs de notre génération, le Rabbi de Klausenbourg (Klausenburger Rebbe), a perdu sa femme, ses enfants et sa famille dans les camps nazis et il a lui-même passé deux ans dans l’enfer d’Auschwitz. Il en a pourtant émergé pour ramener au judaïsme toute une génération de rescapés, pour fonder une communauté à New York, puis une autre en Israël.

J’ai souvent entendu cette éminente personnalité évoquer les camps de la mort et ceux qui y ont péri. J’ai trouvé dans ses propos des larmes et de la tristesse, mais jamais une mise en question. Car c’est bien d’un tsaddiq qu’il s’agit, dont l’esprit pénétrant voit bien au-delà de l’immédiat. Lorsque l’on considère ce qui forme l’Ultime, alors vraiment il n’y a pas d’interrogations.

Le plus important est de nous rappeler que Hachem est le Bien ultime et que, par conséquent, même le pire sera un jour transformé en bien[13]. L’homme peut faire le mal, mais ce mal qu’il fait sera lui aussi racheté par Hachem pour être transformé en bien. Le Talmud nous enseigne que nous devons dans ce monde bénir Hachem tant pour le bien que pour le mal, mais que, dans le monde à venir, nous nous rendrons compte qu’il n’existe rien d’autre que le Bien[14].

 

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[1] Lévitique 20, 26.

[2] Voir Rachi ad loc. Cf. Lévitique 19, 2.

[3] Deutéronome 4, 6.

[4] Isaïe 43, 10.

[5] Mahari Kara ad loc, ‘Iqarim 1, 2. Cf. Isaïe 43, 21; 44, 8.

[6] Ibid. 42, 6.

[7] Ce verset fait partie du célèbre passage d’Isaïe sur « le serviteur souffrant ». Selon Rachi et le Mahari Kara, il s’agit d’Israël. Voir Midrach Tehilim 2, 9. D’autres, par contre, comme le Targoum, Radak et Metsoudoth l’appliquent au Messie. Voir Midrach Tehilim 43, 1. Ibn Ezra, quant à lui, l’interprète comme se référant au prophète lui-même. Pour une discussion plus approfondie, voir Abarbanel ad loc.

[8] Zohar 2, 221b, Kouzari 3, 36 [51b], 2, 12 [13a].

[9] Kouzari 4, 23, Techouvoth Rambam 58, Techouvoth Rivach 119, ‘Aqèdath Yits‘haq 88.

[10] Chemoth rabba 36, 1.

[11] Isaïe 42, 3-4.

[12] Cf. Mena’hoth 53b.

[13] Rabbi Moché ‘Hayim Luzatto, Kla’h pit‘hei ‘hokhma, 2.

[14] Pessa‘him 50a.

Titre: SI VOUS ETIEZ DIEU

Auteur: Arieh KAPLAN

Editeur: EMOUNAH – NCSY/ORTHODOX UNION

Adaptation française : Jacques KOHN.

Le livre est en vente dans les librairies juives.

 

BAMIDBAR


Hachem parla à Moché, dans le désert de Sinaï. (1, 1)

Chaque année, nous lisons la section Bamidbar le Chabbath avant Chavou?oth. Selon l’enseignement des Tossafoth (Meguila 31b s.v. qelaloth), c’est afin de ne pas faire suivre les malédictions de la parachath Be?houqothaï ? dernière du ?houmach Wayiqra ? directement par la fête.
Rav Moché Feinstein explique cela différemment : Certaines personnes sont tentées de se dire : « Qui suis-je et quelles sont mes capacités ? De toute façon, même si je m’adonnais sérieusement à l’étude, je n’arriverais pas à grand-chose et je n’acquerrais pas un haut niveau d’instruction. Sous l’influence de ce manque de confiance et d’une telle déconsidération d’elles-mêmes, elles en viennent à la paresse et au laxisme tant dans l’étude que dans la pratique de la Tora.

YITHRO 2



Yithro prêtre de Midyan, beau-père de Moché, entendit tout ce que Dieu avait fait pour Moché et pour Israël Son peuple, que Hachem avait fait sortir Israël d’Egypte. (18, 1)

Il s’est produit ici une inversion des rôles, fait remarquer Rachi. Dans ce verset, la Tora confère à Yithro l’honneur d’être « le beau-père de Moché ». Or, il est rapporté plus haut (4, 18) : « Moché alla, il retourna chez Yèthèr, son beau-père », impliquant que c’est lui qui se glorifiait alors de sa parenté avec Yithro, et non l’inverse.

YITHRO 1


Yithro prêtre de Midyan, beau-père de Moché, entendit tout ce que Dieu avait fait pour Moché et pour Israël Son peuple, que Hachem avait fait sortir Israël d’Egypte. (18, 1)

Qu’a-t-il entendu qui l’ait incité à quitter Midyan et à venir chez Moché ? Le partage de la mer et la guerre contre ?Amaleq, explique Rachi.
La division de la mer a été certainement le miracle le plus extraordinaire de toute l’histoire de l’humanité, fait observer Rav Eliyahou Lopian.

Selon l’enseignement de nos Sages (Mekhilta sur 15, 2), ce qu’a vu alors une simple servante a surpassé même les visions du prophète Ye?hezqel ! Il est donc fort compréhensible qu’un individu ayant entendu parler de ce prodige se soit précipité pour rejoindre les Hébreux.

BO



Hachem dit à Moché : « Viens vers Pharaon ! Car Moi J’ai endurci son c?ur et le c?ur de ses serviteurs, afin que Je mette Mes signes-là en son milieu. Et afin que tu publies aux oreilles de ton fils et de ton petit-fils ce que J’ai accompli en Egypte, et Mes signes que J’ai placés en eux ; vous saurez que Je suis Hachem. » (10, 1-2)

Pourquoi Hachem a-t-Il ordonné à Moché de « venir vers Pharaon » et non, comme il eût été normal, d’« aller » chez celui-ci ? s’interrogent les commentateurs.

Cette expression est employée quand on s’adresse à un homme indécis, qui ne sait que faire ni où aller, explique Rav Yehochou?a Leib Diskin. Dans un tel cas, on l’exhorte avec douceur en lui disant : « Viens ! »

VAYICHLA’H


Dans son introduction à cette paracha, le Ramban écrit que nos Sages l’ont toujours considérée comme une préfiguration des futures expériences des Juifs dans l’exil. Toutes les fois que Rabbi Yannaï devait aller à Rome, à la cour royale d’Edom, pour plaider la cause de notre peuple, il réétudiait, avant de l’adapter aux circonstances, le récit des rapports de Ya‘aqov avec ‘Essaw.
Cette paracha nous apprend comment le Saint béni soit-Il a sauvé Son fidèle serviteur des griffes d’un ennemi plus puissant que lui, et a envoyé un ange spécialement chargé de veiller sur sa sécurité. Elle nous révèle aussi les vastes efforts que notre Patriarche a déployés pour se défendre, sans se contenter de rester immobile en se fiant à ses mérites et en attendant que Hachem le fasse bénéficier d’un miracle.

?Houqath

Ceci est le statut de la Tora. (19, 2)

Pourquoi cette paracha – consacrée à la « vache rousse » – fait-elle directement suite à l’histoire de Qora‘h ?
Les lois concernant la vache rousse ont été transmises à Moché le 1er nissan – deux semaines avant Pessa‘h – le jour où fut dressé le Tabernacle, explique le ‘Hizqouni. C’est le lendemain que la première vache rousse a été brûlée dans le désert, afin de pouvoir purifier les enfants d’Israël en vue du sacrifice pascal. Ses lois n’auraient pas pu être observées avant, car une fois égorgée, il incombe d’asperger son sang vers « l’ouverture de la Tente d’assignation » (infra verset 4).

QORA’H


Qora?h prit? (16, 1)

Le Midrach Tan?houma (cité par Rachi infra verset 7) pose la question : « Qora?h, qui était un homme intelligent, qu’a-t-il donc vu pour commettre cette chetouth ? ?folie? ? »
Pour quelle raison nos Sages désignent-ils le péché de Qora?h sous cette appellation ?\r\nPour répondre à cette question, Rav Yehonathan Eybeschuetz cite le célèbre passage du Talmud (Berakhoth 27b), relatant les recherches entreprises pour désigner le remplaçant de Rabban Gamliel, après que celui-ci eut perdu son titre de nassi (« prince ») suite à un vif désaccord qui l’avait opposé à Rabbi Yehochoua’. Les Sages n’ont pas voulu nommer ce dernier, qui avait en quelque sorte entraîné cette disgrâce. Cela aurait incité les gens à jaser ; ils auraient raconté que Rabbi Yehochoua’ avait émis son opinion divergente pour recueillir cette dignité? On peut raisonner de même concernant Qora?h : Même si son argumentation à l’encontre de Moché et de sa distinction s’était révélée acceptable et que, suite à ses objections, notre guide et prophète avait été défait de ses fonctions, il n’aurait pas pu être nommé à sa place.

BEHA?ALOTHEKHA



Quand tu feras monter [tu allumeras] les lumières vers le vis-à-vis de la face de la Menora. (8, 2)

Pourquoi le chapitre relatif à la Menora suit-il directement la description des offrandes apportées par les phylarques lors de l’inauguration du Tabernacle ? Rachi répond, citant le Midrach : « Aharon, ayant assisté à l’inauguration par les princes, a été affligé de n’avoir pas été alors avec eux, ni lui, ni sa tribu. Le Saint béni soit-Il lui a dit : ?Par ta vie ! Ta part est plus grande que la leur, car c’est toi qui allumeras et entretiendras les lumières !? »