BAMIDBAR


Hachem parla à Moché, dans le désert de Sinaï. (1, 1)

Chaque année, nous lisons la section Bamidbar le Chabbath avant Chavou?oth. Selon l’enseignement des Tossafoth (Meguila 31b s.v. qelaloth), c’est afin de ne pas faire suivre les malédictions de la parachath Be?houqothaï ? dernière du ?houmach Wayiqra ? directement par la fête.
Rav Moché Feinstein explique cela différemment : Certaines personnes sont tentées de se dire : « Qui suis-je et quelles sont mes capacités ? De toute façon, même si je m’adonnais sérieusement à l’étude, je n’arriverais pas à grand-chose et je n’acquerrais pas un haut niveau d’instruction. Sous l’influence de ce manque de confiance et d’une telle déconsidération d’elles-mêmes, elles en viennent à la paresse et au laxisme tant dans l’étude que dans la pratique de la Tora.

Extrait 4 : Les solutions (Fin)

«Si vous étiez Dieu»

IV. LES SOLUTIONS

Maintenant que nous avons compris les limitations fondamentales que s’est imposées Hachem, essayons de « nous mettre à Sa place ».

La règle la plus importante est celle qui nous interdit de révéler notre présence.

Celle-ci étant prise en compte, revenons à notre problème de départ et imaginons un microcosme où nous serions en situation de « jouer à Hachem ».

Cette simulation a été discutée au sein de plusieurs groupes et ce que l’on va lire ci-après constitue pour une large part les conclusions auxquelles ils ont abouti. Vous pouvez cependant, avant de poursuivre, relire le problème et tenter de tirer vos propres enseignements.

Parmi les solutions envisagées, beaucoup ressemblaient à une sorte d’immense partie d’échecs dont l’île aurait été le théâtre. A coups de mouvements et de parades, une stratégie serait mise au point, destinée à faire progresser les indigènes dans la direction désirée. A l’instar d’un grand Maître, il s’agirait de dominer en permanence l’échiquier, l’objectif étant d’aboutir au résultat voulu.

On peut évidemment disposer des ressources nécessaires pour gagner, mais certains problèmes vont bientôt apparaître. Une de ces difficultés, et non des moindres, est que chaque mouvement peut prendre des décennies, voire des siècles. On peut arriver à des résultats, mais au prix d’un bien long, d’un interminable processus. On peut avoir tout le temps devant soi, mais chaque année qui passe apporte d’autres lots de souffrances.

Un autre problème, encore plus ardu, va se poser. Il faut exercer une influence sur les événements, mais le but ultime est l’amélioration des valeurs des indigènes. Or, même si on a réussi à inculquer une leçon à une génération donnée, elle risque d’être oubliée par la suivante. La tâche la plus difficile est donc de parvenir à faire des valeurs positives une part intégrante de la culture insulaire.

Une des suggestions les plus fréquemment proposées au cours des discussions consistait à essayer d’exercer une influence sur l’île en utilisant des infiltrés. Du moment que le procédé ne serait pas apparent, il serait dans les règles.

 

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L’infiltration servirait à un double titre : les « clandestins » pourraient d’abord servir d’exemples. Ils construiraient une société modèle qui, à condition de durer assez longtemps, inciterait les indigènes à l’imiter ou du moins à s’en inspirer.

Ils pourraient ensuite servir à apporter un enseignement direct aux autochtones. Une partie de leur culture parviendrait ainsi à les imprégner progressivement et elle élèverait leur niveau moral. On accélérerait de cette manière la conclusion de la partie.

Les infiltrés se trouveraient constamment en situation de grand péril. Opérant selon un système de valeurs différent, ils seraient toujours considérés comme des étrangers. Plus leur message différerait de celui de la majorité, plus ils seraient rejetés. Eparpillés sur tout le territoire de l’île pour y répandre leur message, ils y deviendraient une minorité persécutée. Selon les règles du jeu, on ne pourrait pas grand-chose pour les aider. Tout au plus faudrait-il conduire la partie de telle manière à les protéger au maximum.

Afin d’éviter de se manifester, les communications avec les infiltrés devraient être maintenues au niveau minimum. Il leur faudrait vivre dans l’île pendant de nombreuses générations, dispersés parmi les indigènes, et des sauvegardes devraient être instituées afin d’empêcher leur assimilation aux valeurs locales corrompues. D’une certaine manière, leur situation de minorité persécutée constituerait en soi une barrière à une telle intégration. Mais il faudrait, pour l’essentiel, qu’ils jouent leur rôle dans l’ignorance de la stratégie globale.

Les autochtones deviendraient progressivement conscients de votre présence. Vous pourrez même, la partie terminée, vous révéler à eux. Le rôle des infiltrés serait lui aussi alors révélé. Comme membres de votre organisation, ils deviendraient tout naturellement les guides et les enseignants de l’île.

 

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CONCLUSION

L’examen de ce microcosme permet, vous l’aurez deviné, de se rendre largement compte de la manière dont Hachem agit avec le monde. Il s’attache à l’amener à un état de perfection, représenté selon notre Tradition par la promesse messianique. Hachem dirige à cette fin, en permanence, les forces de l’Histoire, mais le processus de cette évolution est lent. Cette « partie » est essentiellement constituée de tout ce qui compose l’épopée humaine.

Vous aurez également reconnu les infiltrés. Il s’agit du peuple juif, qui a reçu par les enseignements de la Tora les bases d’une civilisation parfaite. Une collectivité qui vit en accord avec ces principes donnés par Hachem peut se poser en exemple de société saine, exempte de tous les maux de la culture avoisinante.

Lorsque Hachem a donné la Tora, Il a déclaré au peuple juif[1] : « Soyez saints pour Moi, car Je suis saint, Moi Hachem, et Je vous ai séparés d’avec les nations pour que vous soyez à Moi. »[2]. La mission d’Israël consiste à donner un tel exemple, comme il est dit[3] : « Observez (les commandements) et pratiquez-les ! Ce sera là votre sagesse et votre intelligence aux yeux des peuples, car lorsqu’ils auront connaissance de toutes ces lois, ils diront : `Elle ne peut être que sage et intelligente, cette grande nation !’ »

Nous avons pour mission de porter témoignage du plan de Hachem pour l’humanité, comme il est écrit[4] : « Vous, vous êtes Mes témoins, dit Hachem, et le serviteur choisi par Moi, pour reconnaître, pour croire en Moi. »[5] De même, Hachem dit à Son prophète[6] : « Moi, Hachem, Je t’ai appelé pour la justice… et Je t’établis pour la fédération des peuples et la lumière des nations. »[7]

On nous apprend ainsi qu’Israël est comme le cœur de l’humanité ; il bat sans arrêt et infuse dans tout le genre humain la foi en Hachem et en Ses enseignements[8].

C’est dans cet esprit que le judaïsme a donné naissance successivement au christianisme et à l’islam. Ces religions sont certes éloignées de la perfection, mais, dans la mesure où elles s’éloignent du paganisme, elles constituent un pas dans la bonne direction[9]. Cependant, le pas final est encore à franchir.

Ce qui est important, c’est que les Juifs, du moins ceux qui observent la Tora, continuent de servir d’exemple de société parfaite établie par Hachem. La Tora et ses commandements représentent en effet la sagesse la plus élevée pour l’avancement de la société humaine. Le tsaddiq (« juste intégral ») est l’être le plus proche de la perfection.

La situation unique dans laquelle se trouve Israël, du fait de son acceptation de la Tora de Hachem, aura un jour pour résultat la destruction de toutes les autres cultures. En attendant, elle lui vaut également la haine que lui vouent ces cultures. Nos Sages nous enseignent que, tout comme l’olive doit être écrasée pour donner son huile, Israël est souvent persécuté avant qu’il produise sa lumière[10]. C’est ce que Hachem a dit à Son prophète[11] : « Il ne brise pas le roseau rompu, Il n’éteint pas la mèche qui fume encore, c’est en toute vérité qu’Il proclame le droit. Il ne se lassera ni se rebutera qu’Il n’ait établi la justice sur la terre : les îles attendent Sa doctrine. »[12].

Notre époque nous incite à nous poser de nombreuses questions. La presse, la télévision transportent les horreurs du monde jusqu’à nos portes et dans nos salons. Ce qui nous était jadis dissimulé par des distances infranchissables s’étale aujourd’hui devant nos yeux. Nous sommes les spectateurs directs de la souffrance, des massacres, de la famine, et nous nous demandons comment Hachem peut tolérer un tel mal. Pour le Juif, la question de l’extermination de six millions de ses frères demeure constamment au premier plan de tout débat de cette nature.

Mais pour celui qui comprend les vraies profondeurs du judaïsme, la question ne se pose pas. Une fois évalués la vraie raison de l’existence et le but de la création, non seulement les raisons sont trouvées, mais les interrogations elles-mêmes cessent d’être à l’ordre du jour.

L’un des plus grands maîtres juifs de notre génération, le Rabbi de Klausenbourg (Klausenburger Rebbe), a perdu sa femme, ses enfants et sa famille dans les camps nazis et il a lui-même passé deux ans dans l’enfer d’Auschwitz. Il en a pourtant émergé pour ramener au judaïsme toute une génération de rescapés, pour fonder une communauté à New York, puis une autre en Israël.

J’ai souvent entendu cette éminente personnalité évoquer les camps de la mort et ceux qui y ont péri. J’ai trouvé dans ses propos des larmes et de la tristesse, mais jamais une mise en question. Car c’est bien d’un tsaddiq qu’il s’agit, dont l’esprit pénétrant voit bien au-delà de l’immédiat. Lorsque l’on considère ce qui forme l’Ultime, alors vraiment il n’y a pas d’interrogations.

Le plus important est de nous rappeler que Hachem est le Bien ultime et que, par conséquent, même le pire sera un jour transformé en bien[13]. L’homme peut faire le mal, mais ce mal qu’il fait sera lui aussi racheté par Hachem pour être transformé en bien. Le Talmud nous enseigne que nous devons dans ce monde bénir Hachem tant pour le bien que pour le mal, mais que, dans le monde à venir, nous nous rendrons compte qu’il n’existe rien d’autre que le Bien[14].

 

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[1] Lévitique 20, 26.

[2] Voir Rachi ad loc. Cf. Lévitique 19, 2.

[3] Deutéronome 4, 6.

[4] Isaïe 43, 10.

[5] Mahari Kara ad loc, ‘Iqarim 1, 2. Cf. Isaïe 43, 21; 44, 8.

[6] Ibid. 42, 6.

[7] Ce verset fait partie du célèbre passage d’Isaïe sur « le serviteur souffrant ». Selon Rachi et le Mahari Kara, il s’agit d’Israël. Voir Midrach Tehilim 2, 9. D’autres, par contre, comme le Targoum, Radak et Metsoudoth l’appliquent au Messie. Voir Midrach Tehilim 43, 1. Ibn Ezra, quant à lui, l’interprète comme se référant au prophète lui-même. Pour une discussion plus approfondie, voir Abarbanel ad loc.

[8] Zohar 2, 221b, Kouzari 3, 36 [51b], 2, 12 [13a].

[9] Kouzari 4, 23, Techouvoth Rambam 58, Techouvoth Rivach 119, ‘Aqèdath Yits‘haq 88.

[10] Chemoth rabba 36, 1.

[11] Isaïe 42, 3-4.

[12] Cf. Mena’hoth 53b.

[13] Rabbi Moché ‘Hayim Luzatto, Kla’h pit‘hei ‘hokhma, 2.

[14] Pessa‘him 50a.

Titre: SI VOUS ETIEZ DIEU

Auteur: Arieh KAPLAN

Editeur: EMOUNAH – NCSY/ORTHODOX UNION

Adaptation française : Jacques KOHN.

Le livre est en vente dans les librairies juives.

 

TEROUMA N°2



Qu’ils prennent pour Moi une portion?(25, 2)

Nous lisons dans le premier livre de Melakhim (5, 16-19) : « Chelomo envoya dire à ?Hiram : « Tu sais que David, mon père, n’a pas pu bâtir une maison pour le Nom de Hachem, son Dieu, à cause de la guerre qui l’a entouré? Et voici, j’ai résolu de bâtir une maison pour le Nom de Hachem, mon Dieu, ainsi que Hachem a parlé à David, mon père, disant : Ton fils qui te succédera sur ton trône, il construira, lui, une maison pour Mon Nom. » »

VAYAQHEL N°2


Pendant six jours sera fait le travail, et le septième jour sera pour vous sainteté? (35, 2)

Dans son commentaire sur le Adéreth Eliyahou, Rav Yits?haq Eiziq ?Havèr définit comme suit le rapport entre les trente-neuf travaux interdits le Chabbath et ceux qu’a nécessités la construction du Michkane.
Microcosme de l’univers, le Tabernacle a pris forme au moyen des diverses sortes de « travaux » qui avaient abouti à l’émergence du monde lui-même. C’est pourquoi, en nous abstenant de ces trente-neuf travaux pendant Chabbath, nous attestons de la création par Hachem de l’univers en six jours et de Sa cessation « de travail » de Création pendant le septième.

PEQOUDEI N°1


Voici les comptes du Michkane, Michkane du témoignage, qui ont été comptés sur ordre de Moché, le travail des Lévites, par l’intermédiaire d’Ithamar, fils d’Aharon le prêtre. (38, 21)

Pourquoi le mot Michkane (« Tabernacle ») est-il répété dans ce verset ? Le terme hébreux peut être lu de deux manières : soit michkane, qui désigne le lieu où réside Hachem, soit machkone, qui signifie « un gage ». La répétition de ce mot, explique Rachi, fait donc allusion à la future destruction des Temples, quand le lieu de résidence de Hachem sera saisi comme « gage » sur les enfants d’Israël qui auront commis des péchés.

PEQOUDEI N°2


Tout le travail du Michkane de la Tente d’assignation fut terminé, les enfants d’Israël firent selon tout ce que Hachem avait ordonné à Moché, ainsi firent-ils. (39, 32)


L’ordre du verset semble contraire à la logique. Il devrait commencer par nous dire que « les enfants d’Israël firent selon tout ce que Hachem avait ordonné à Moché », et seulement ensuite que « tout le travail du Michkane de la Tente d’assignation fut terminé ».

Ki-Thétsé

"Quand tu sortiras pour la guerre contre tes ennemis, Hachem, ton Dieu, le livrera en ta main. (21, 10)

Pourquoi le verset ne dit-il pas simplement : « quand tu combattras tes ennemis ? », plutôt que : « quand tu sortiras pour la guerre » ?
Pour de nombreux commentateurs, fait remarquer le Kethav Sofèr, la Tora envisage ici la guerre que l’on doit mener contre son penchant au mal, au sujet duquel nos Sages ont affirmé (Souka 52b) : « l’inclination de l’homme se dresse constamment contre lui, et si Hachem ne l’aidait pas, il ne pourrait la maîtriser.

Extrait 1 : Le problème

«Si vous étiez Dieu»

I. LE PROBLEME

On vous a confié une île sur laquelle vivent plusieurs tribus. Par leur nature et par leur culture, ces tribus sont remuantes et belliqueuses. Il en résulte de grandes souffrances engendrées par la guerre, la pauvreté et les préjugés. Les insulaires vivent ainsi depuis des siècles sans aucun signe d’amendement.

Votre mission :

Tenter d’améliorer cette société.

Apprendre à ses membres à vivre en harmonie et à réduire au minimum la souffrance, voire même à l’éliminer complètement.

Créer une société saine.

Les moyens à votre disposition :

Tous ceux qu’une technologie très avancée est à même de vous offrir.

Vous tenez l’ensemble de l’île sous haute surveillance et vous pouvez, à chaque instant et en tout lieu, observer ce qui s’y passe. Il vous est loisible, à tout moment, de faire pleuvoir ou de faire exploser le sous-sol. Vous pouvez, dans des limites raisonnables, influer sur les conditions météorologiques, susciter des inondations, réveiller les volcans, provoquer des tremblements de terre et produire tout phénomène « naturel » en retour. Vous disposez en outre de moyens propres à vous permettre d’implanter des idées par des procédés de suggestion subliminale. Vous agirez ainsi sur des populations entières ou sur certains chefs spécialement choisis. Il vous faut toutefois tenir compte des limites strictes imposées à la suggestion subconsciente : si vous essayez d’implanter des idées allant contre la nature fondamentale de ceux sur lesquels vous agissez, elles seront totalement rejetées, et vos efforts seront voués à l’échec. Vous pouvez cependant inculquer des concepts qui s’harmoniseront plus ou moins avec la perversité bien connue de ces gens

Vos restrictions :

Les habitants de l’île ne doivent en aucun cas avoir conscience de votre présence.

Cette considération dépasse toutes les autres.

Le choc culturel que provoquerait votre révélation aurait pour effet de rompre l’ensemble des éléments culturels locaux. Il s’ensuivrait de profondes souffrances, au regard desquelles le bien que vous pourriez accomplir représenterait peu de chose. Les insulaires seraient réduits à un état de dépendance quasi-végétative dont ils ne se remettraient pas. Et, à supposer qu’ils s’en rétablissent, ils se rebelleraient si violemment qu’ils en viendraient à éliminer les rares valeurs positives jusque-là les leurs. C’est pourquoi cette restriction doit absolument être observée, en quelque circonstance que ce soit. Ceci étant précisé, vous avez toute liberté d’agir avec autant de bienveillance ou aussi cruellement que vous le jugerez opportun. Bref, on vous offre la possibilité de jouer à Dieu.

Que feriez-vous ?

Titre: SI VOUS ETIEZ DIEU

Auteur: Arieh KAPLAN

Editeur: EMOUNAH – NCSY/ORTHODOX UNION

Adaptation française : Jacques KOHN.

Le livre est en vente dans les librairies juives.

Extrait 2 : Les questions

«Si vous étiez Dieu»

II. LES QUESTIONS

On dit souvent qu’il est devenu très difficile de croire. Nous appartenons à une génération qui a assisté au massacre de six millions des nôtres. Nous avons vu des enfants brûlés vifs au Vietnam, des nourrissons mourant de faim au Biafra et une nation systématiquement décimée au Bengladesh. Où que nous jetions nos regards, nous ne voyons que famine, pauvreté, inégalité. Les « bons » souffrent et les « mauvais » paraissent heureux.

Et les gens de poser ce qui paraît être une question légitime : pourquoi Hachem permet-Il de telles choses ? Pourquoi ne fait-Il rien pour y remédier ?

La réponse, dans une certaine mesure, paraît aller de soi : c’est l’homme, et non Hachem, qui apporte le plus de mal au monde[1] . Ce n’est pas Hachem qui fait la guerre, ce sont des hommes. Ce n’est pas Hachem qui a tué les six millions de Juifs, ce sont des hommes. Ce n’est pas Hachem qui opprime les pauvres, ce sont les hommes. Ce n’est pas Hachem qui bombarde au napalm, ce sont des hommes.

Mais d’aucuns reviennent aussitôt à la charge pour faire observer que cette réponse n’en est pas vraiment une. Le problème fondamental demeure : pourquoi Hachem a-t-Il créé la possibilité de faire le mal ? Pourquoi lui permet-Il d’exister ?

Pour tenter de répondre à cette interrogation, il nous faut réfléchir au projet même de la Création.

Ce plan requérait l’existence d’un être qui fût responsable de ses propres actes. Ce qui revient à dire que les hommes doivent disposer du libre arbitre.

Si Hachem avait voulu une race de marionnettes, Il aurait créé des marionnettes. S’Il avait désiré des robots, Il aurait formé des robots. Hachem n’a pas tenu à cela. Il a voulu des êtres humains, dotés du libre arbitre, responsables de leurs actes.

Mais dès lors que l’on dispose du libre arbitre, on a la possibilité de faire le mal.

Plus on y réfléchit, plus cela devient clair.

Pour autant que nous puissions le comprendre, Hachem a créé l’univers par un acte d’amour[2]. Un acte d’amour si immense que l’esprit humain ne peut même pas commencer de le sonder. Hachem a créé le monde, fondamentalement, comme un vecteur sur lequel Il pourrait projeter Sa bonté[3].

Mais l’amour de Hachem est si grand que tout bien qu’Il accorde ne peut être que le plus grand possible. Sinon, il ne serait pas suffisant.

Quel est, dès lors, ce bien ultime que Hachem peut accorder à Sa création ?

A y réfléchir un tant soit peu, la réponse est évidente : le plus grand bien qu’Il peut accorder, c’est Lui-même. Il n’existe pas de plus grand bien que celui qui consiste à réaliser l’unité avec le Créateur. C’est pour cette raison que Hachem a créé l’homme à Sa ressemblance [4]

C’est pourquoi Hachem a donné à l’homme le libre arbitre.

De même que Hachem agit comme un Etre libre, de même l’homme. De même que Hachem opère sans restriction préalable, de même l’homme. De même que Hachem peut faire le bien comme venant de Son propre choix, de même l’homme. Telle est, pour beaucoup de commentateurs, la signification de sa création « à l’image de Hachem »[5]

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Le projet de Hachem ne nous permet pas d’être des robots ; il ne nous permet pas non plus d’être des prisonniers.

Du moment que nous possédons le libre arbitre, nous devons également disposer de la liberté de choisir. Un homme enfermé dans une prison possède le même libre arbitre que ceux qui n’y sont pas, mais il ne peut pas en faire grand-chose. Pour que l’homme ressemble à son Créateur dans la plus large mesure, il lui faut se mouvoir dans un domaine où il puisse disposer de la plus grande liberté de choix. Plus il ressemble à Hachem dans Sa toute puissance, plus il peut lui ressembler dans son libre choix de faire le bien.

Pour que cette liberté de choisir soit réelle, il fallait que Hachem crée également la possibilité du mal[6]. S’il n’existait que la possibilité de faire le bien, elle ne procurerait aucun avantage. Ce serait, selon une métaphore talmudique, comme porter une lampe en plein jour[7]. Selon la remarque du Zohar, « l’avantage de la sagesse vient des ténèbres. S’ils n’y avait pas de ténèbres, la lumière ne serait pas discernable et n’apporterait aucun bénéfice ». Ou, comme le dit l’Ecclésiaste[8] : « Hachem a créé pour chaque chose son opposé »[9].

Pas plus que le projet divin n’accepte l’idée d’un homme emprisonné physiquement, il ne lui permet pas d’être enfermé dans une geôle intellectuelle. Comment celui-ci se comporterait-il si Hachem se révélait constamment à lui ? Serait-il vraiment libre ? Si l’homme avait conscience qu’il se tient constamment en présence du Roi, pourrait-il agir contre Sa volonté ? Si l’existence de Hachem était à tout moment apparente, la conscience de cette réalité ferait de nous des prisonniers.

Voilà pourquoi, entre autres raisons, Hachem a créé un monde qui obéit aux lois de la nature et dans lequel Il dissimule Sa propre existence[10]. Nos Sages nous ont appris : « Le monde suit sa voie naturelle, et les insensés qui font le mal finiront par être jugés »[11].

Le concept du Chabbath correspond à la même idée. Après l’acte initial de la création, Hachem s’est retiré, si l’on peut dire, et Il a laissé le monde fonctionner selon les lois de la nature qu’Il avait instituées[12].

« L’horloge » une fois construite et son mouvement une fois lancé n’avaient plus qu’à fonctionner avec un minimum d’interférences. De la même manière, en observant le Chabbath, nous nous abstenons d’introduire des changements permanents dans l’ordre naturel[13].

Une question demeure toutefois : pourquoi Hachem a-t-Il permis, au départ, que tant de mal puisse exister dans la nature de l’homme ? Pourquoi paraît-il si naturel à ce dernier de pouvoir opprimer son prochain et de le faire souffrir ?

Il nous faut comprendre également que le champ d’action de l’homme ici-bas se situe dans le monde physique, et qu’il fait par conséquent partie d’un univers où la présence de Hachem est éclipsée. La spiritualité qui est en nous peut se développer dans les domaines de la transcendance la plus élevée, mais notre corps est essentiellement celui d’un animal[14]. Nos Sages nous enseignent que l’homme participe à la fois de « l’essence de l’ange et de celle de la bête »[15]. Le Zohar va même plus loin en soulignant qu’en plus de son âme divine qui le distingue des formes plus basses de la vie, l’homme possède également une âme animale[16].

A la naissance du premier homme, il existait une harmonie fondamentale entre ces deux parties de sa nature. Sa spiritualité et son animalité pouvaient coexister sans conflit intérieur. L’homme pouvait vivre en phase avec la nature et consacrer toutes ses énergies au domaine spirituel[17].

Il existait cependant, dans le Jardin d’Eden, un élément de tentation. Il était dans la nature de l’homme qu’il élevât au plan spirituel son essence animale. Mais la possibilité de consommer le fruit de l’Arbre du Bien et du Mal lui offrait également la tentation de l’abaisser au niveau physique.

L’homme a échoué dans cette épreuve. La connaissance est venue s’interposer entre les deux éléments de base contenus en lui, l’animal et l’humain[18]. Il n’était plus comme l’animal, lié à la nature, en harmonie avec son être fondamental. Certes, il conserva tous les désirs, les instincts, l’agressivité de la bête. Mais il acquit en même temps l’aptitude à employer son intelligence de telle manière que son aspect animal fût dirigé contre les autres êtres humains. C’est ce conflit, qui oppose les natures animale et humaine, qui précipite l’homme en direction du mal. Nos Maîtres nous enseignent que c’est l’aspect animal de l’homme qui porte la responsabilité du yétsèr ha-ra’, du mal contenu en lui[19].

Ici non plus Hachem n’est pas à blâmer.

La décision de consommer le fruit de l’Arbre de la Connaissance – donc d’élever son animalité au niveau du monde – a été prise par l’homme comme une manifestation de son libre choix.

Dès l’instant où il l’a mangé, il a connu le bien et le mal. La règle morale est devenue inhérente à la connaissance et le résultat d’un choix conscient, et non plus une partie de la nature fondamentale de l’homme. Il lui a fallu désormais lutter avec un nouvel état, dans lequel s’opposent la bête et l’ange qui sont en lui.

 

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[1] Moré nevoukhim 3, 10.

[2] Cf. Maguid devarav le-Ya‘aqov chap. 102, Liqoutei Moharan chap. 64.

[3] Emounoth vedé‘oth 1, 4 fin 3, 0, Or Hachem [Crescas] 2, 6, 2, Séfèr ha-yachar 1, Pardess Rimonim 2, 6, Chiour qoma [RaMaK] 13, 3, Etz ‘hayim, Cha‘ar ha-kellalim par. 1, Réchith ‘hokhma, Cha‘ar ha-techouva chap. 1, Chenei lou‘hoth ha-berith, Beith Israël [Jérusalem 5720] 1, 21b, Chomrei émounim [Ha-qadmon] 2, 13, Messilath yecharim chap. 1, Dérekh Hachem 1, 2, 1.

[4] Dérekh Hachem, ibid.

[5] Cf. Mekhilta sur Exode 14, 29, Berèchith rabba 21, 5, Chir ha-chirim rabba 1, 46, Yad, Techouva 5, 1.

[6] Cf. Midrach Tehilim 36, 4, Zohar 1, 23a, 2, 184a, ‘Aqèdath Yits‘haq 70 [3, 145b], Etz ‘hayim, Cha‘ar ha-melakhim 5, Séfèr Ba‘al Chem Tov, Chemoth chap. 9.

[7] ‘Houlin 60b.

[8] 7, 14.

[9] Zohar 3, 47b.

[10] Berèchith rabba 9, 6, Menorath ha-maor 237, Tossafoth Yom Tov sur ‘Avoda zara 4, 7. Cf. ‘Iqarim 4, 12 sur Ecclésiaste 8, 11.

[11] ‘Avoda zara 54b.

[12] Moré nevoukhim 2, 8 sur Psaumes 148, 6, Cf. Zohar 1, 138b, Berakhoth 60b. Voir aussi Rachi, Ibn Ezra, Sforno sur Ecclésiaste 3, 14.

[13] Chabbath 12, 1 [102b].

[14] Sifri, Haazinou 306, Berèchith rabba 8, 11, Rachi sur Genèse 2, 7.

[15] ‘Haguiga 16a.

[16] Zohar 2, 94b.

[17] Cf. Ramban sur Genèse 2, 9, Qiddouchin 4, 14 [82a].

[18] Kithvei ha-Ari : Chemona cha‘arim, Cha‘ar ha-pessouqim sur Genèse 2, 7, Liqoutei Tora [HaAri] sur Genèse 3, 1.

[19] Etz ‘hayim, Cha‘ar Kitzour ABYA chap. 3 ff, Cha‘arei qedoucha chap. 1, Liqoutei amarim [Tanya] chap. 1.

Titre: SI VOUS ETIEZ DIEU

Auteur: Arieh KAPLAN

Editeur: EMOUNAH – NCSY/ORTHODOX UNION

Adaptation française : Jacques KOHN.

Le livre est en vente dans les librairies juives.

Extrait 3 : Les questions (2ème partie)

«Si vous étiez Dieu»

III. LES QUESTIONS (2ème partie)

On peut aller plus loin et se demander : pourquoi l’homme n’a-t-il pas été créé meilleur ? Pourquoi Hachem ne l’a-t-Il pas fait plus ange et moins bête ?

Ici encore, la faute en incombe à l’homme. Nos Sages nous enseignent que l’interdiction du fruit de l’Arbre de la Connaissance n’était que provisoire. La nature spirituelle de l’homme aurait dû se développer de telle manière qu’il aurait fini par être assez fort pour maîtriser ses instincts animaux. Le moment venu, il aurait pu le consommer sans mettre en danger son existence spirituelle[1].

L’homme était effectivement destiné à devenir plus ange et moins animal. Cette évolution devait cependant être progressive. C’est son impatience, qui l’a incité à manger le fruit avant l’heure, qui a fait échouer ce processus. C’est cette Connaissance qui l’a conduit à entrer en conflit avec sa nature animale, tout en lui donnant le pas et en paralysant son développement spirituel.

Nous retrouvons ce fil directeur tout au long de l’histoire de l’humanité. La connaissance a conféré à l’homme l’aptitude technologique à mettre au point des instruments de destruction, mais sa force morale n’a pas été assez puissante pour le retenir d’en faire un mauvais usage. C’est notre génération qui a vu ce pouvoir parvenir à son sommet, l’homme détenant aujourd’hui la possibilité de détruire toute sa planète, soit par l’arme nucléaire, soit par la pollution de son environnement. Les connaissances scientifiques acquises par l’homme lui confèrent un pouvoir considérable, qu’il n’a pas encore appris à utiliser pour le bien. Voilà pourquoi l’ère messianique ne saurait plus tarder : ce n’est qu’à sa venue que l’homme saura les utiliser à des fins positives[2].

En attendant, l’homme est confronté à un vaste dilemme : il est habile à créer de grandes civilisations, mais elles finissent toujours par échapper à son contrôle et par dégénérer. Il est capable de produire les progrès technologiques les plus considérables, mais il ne possède pas la force morale nécessaire à leur utilisation bénéfique. L’une des plus tristes réflexions inspirée par l’aventure humaine est que les plus grandes avancées technologiques ont été réalisées dans le domaine de la guerre.

La question de base subsiste : soit, la nature de l’homme est mauvaise et c’est de sa faute. Mais pourquoi Hachem n’intervient-Il pas ? Pourquoi ne jaillit-Il pas du ciel pour mettre fin à tout ce mal ? Pourquoi n’a-t-Il pas lancé la foudre et détruit les camps de concentration ? Pourquoi n’a-t-Il pas fait tomber une manne pour sauver de la famine les nourrissons du Biafra et du Bengladesh ? Pourquoi n’a-t-Il pas empêché les bombes au napalm de brûler les enfants innocents du Vietnam ? Pourquoi ne fait-Il pas disparaître par miracle les armes nucléaires dont se sont dotées les puissances ? Il est Hachem, après tout. Il pourrait certainement le faire. Pourquoi ne le fait-Il pas ?

Nous avons appris, en fait, qu’un excès de lumière n’améliore pas les « vases », mais qu’il les brise[3].

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Qu’adviendrait-il à notre société si des miracles commençaient soudain de se produire ? Comment réagirions-nous à leur venue ?

Continuerions-nous de vaquer à nos occupations comme si de rien n’était ? Les structures complexes sur lesquelles repose notre civilisation pourraient-elles continuer d’exister si nous prenions subitement conscience de la présence immédiate de Hachem ?

Prenons une de ces mégalopoles comme New York ou Paris. Il faut des dizaines de milliers de personnes pour leur fournir la nourriture et les autres nécessités de la vie, des milliers d’autres pour les transporter. Ce sont de véritables armées qui sont chargées de leur eau, de leur électricité, de leur chauffage, de l’enlèvement de leurs déchets. De telles structures survivraient-elles à la conscience de l’existence de miracles ? Dans la négative, la souffrance ne s’en trouverait-elle pas accrue ? Si Hachem devait commencer de se manifester par des prodiges, ne faudrait-il pas qu’Il continue de le faire en permanence ? Certes, cela se produira à l’ère messianique, mais c’est que le moment sera alors venu.

Comment réagirions-nous à des miracles ? Probablement de la manière dont répondent les sociétés primitives en présence des « merveilles » que leur apportent les sociétés plus évoluées. Leur premier réflexe est ce que les sociologues appellent un « choc culturel ». Elles commencent par se désintéresser de tout et deviennent totalement dépendantes de la culture plus avancée. Elles cessent d’agir selon leur intelligence propre et elles évoluent vers un état léthargique où l’existence se développe sans signification. La dégénérescence du fier sauvage indépendant en un indigène sournois et insignifiant est souvent aussi tragique qu’inévitable.

Ces sociétés, si elles n’ont pas été complètement détruites par le choc culturel initial, vont parvenir à une deuxième étape, celle de la rébellion. La culture primitive va se rebeller à la fois contre les envahisseurs et contre leurs valeurs. Voilà pourquoi tant de missionnaires ont fini dans la célèbre marmite des anthropophages.

L’animal auquel ressemble l’homme est plutôt sauvage que domestique[4]. Il est de la destinée humaine qu’il soit libre, et non assujetti à autrui. C’est ainsi que le résultat inéluctable de l’introduction d’une culture plus avancée est de submerger l’ancienne, plus primitive[5].

 

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Lorsqu’un peuple se voit imposer une culture plus avancée, sa première réaction est de se laisser domestiquer, de devenir comme du bétail ou un troupeau. Cet apprivoisement consommé, l’humanité de l’indigène est oblitérée, du moins jusqu’à ce qu’il ait assimilé la culture dominante. Ou alors, il va se rebeller et assumer à nouveau son humanité innée.

Ainsi en est-il de notre relation avec Hachem. Aussi longtemps qu’Il demeure caché, nous pouvons chercher à nous rapprocher de Lui et faire mouvement vers le divin. Toutefois, cette démarche est le résultat d’un libre choix et elle ne nous submerge pas. Mais si Hachem devait Se révéler, l’homme ne pourrait plus exister en tant qu’entité libre. Il saurait qu’il est, à tout moment, placé sous la haute surveillance de son Maître, et cette conscience ferait de lui moins qu’un homme. Il deviendrait une sorte de « sous-homme », une espèce de pantin ou de robot, privé de ce qui constitue véritablement son essence. Il n’aurait d’autre issue que de se rebeller.

Une telle situation, quel qu’en soit le dénouement, causerait plus de mal et de souffrance que l’intervention de Hachem aurait produit de bienfaits. Trop de lumière, et les « vases » seraient brisés.

Une seule fois Hachem s’est littéralement montré et est entré visiblement dans l’Histoire pour en changer le cours. Cela s’est produit lors de l’Exode, lorsqu’Il a accompli des miracles à la fois en Egypte et sur la Mer Rouge. Cette intervention a été portée à son comble lors de la Révélation du Sinaï, lorsque toute une nation a littéralement entendu Sa voix.

Qu’en est-il alors advenu ?

La première réaction au Sinaï a été un effet de choc. Les Hébreux, tout simplement, n’ont pas pu supporter la majesté de la parole divine, et nos Sages nous enseignent que leur âme les a littéralement quittés[6]. Leur réaction est exprimée dans le récit biblique, quand ils dirent aussitôt après à Moïse[7] : « Que ce soit toi qui nous parles, et nous pourrons entendre ; mais que Hachem ne nous parle point, nous pourrions mourir ».

Une fois surmonté ce choc initial, le peuple en vint à la seconde étape, celle de la rébellion. Elle eut lieu quarante jours seulement après la Révélation du Sinaï. Le peuple s’insurgea contre Hachem et Ses commandements, retournant à l’idolâtrie et adorant le Veau d’Or. Il n’avait entendu les Dix Commandements de Hachem Lui-même que quarante jours plus tôt, et déjà il les rejetait.

Nous tirons de cet épisode une leçon d’importance majeure : une révélation de Hachem à un « vase » qui n’en est pas digne peut entraîner plus de mal que de bien. On trouve ici l’une des raisons essentielles du « silence de Dieu ».

De nombreuses personnes se disent prêtes à croire, à la condition d’assister à quelque signe ou à quelque miracle. Le Sinaï nous montre que même cela n’est pas suffisant lorsque l’on ne veut pas croire.

Ainsi commençons-nous de comprendre la raison d’être de l’une des principales restrictions que Hachem s’est imposées à Lui-même : Il est caché et Il ne se révèle pas. Cette condition est voulue par la psychologie de l’homme tout autant que par le projet même de Hachem dans la création. Il ne se montre qu’à ceux dont la foi est si grande que Sa révélation ne changera rien à leur croyance. Comme le fait remarquer le Rambam (Maïmonide), la seule exception notable à cette règle a été l’Exode[8].

 

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[1] Torath Moché [‘Hatam Sofer] sur Genèse 2, 17, Tossafoth Sanhédrin 56b s.v. Lo.

[2] Voir Rabbènou Be‘hayé sur Genèse 2, 9, Dérekh Hachem 1, 3.

[3] Etz ‘hayim, Cha‘ar ha-melakhim 5.

[4] Voir Kilayim 8, 5 où le ‘Adnei ha-sadé est décrit comme présentant une affinité à la fois avec un animal sauvage [‘haya] et avec l’homme. Melékheth cheléma ibid. 8, 6.

[5] Zohar 1, 24b, Maharal, Bé’er HaGolah [Pardess, Tel Aviv] p. 39b. Cf. Chabbath 89b, Chemoth rabba 2, 6.

[6] Zohar 2, 84b.

[7] Exode 20, 16.

[8] Moré nevoukhim 2, 35, d’après Deutéronome 34, 1.

Titre: SI VOUS ETIEZ DIEU

Auteur: Arieh KAPLAN

Editeur: EMOUNAH – NCSY/ORTHODOX UNION

Adaptation française : Jacques KOHN.

Le livre est en vente dans les librairies juives.