On sait que l’opinion communément et majoritairement admise en Israël consiste, à tort ou à raison, à penser que Mitt Romney serait un bien « meilleur président » pour l’Etat hébreu que Barack Hussein Obama. Le point sur la question – en forme de quelques suppositions.

– SI BARACK HUSSEIN OBAMA ETAIT REELU…

Dégagé de toute crainte de ne pas être réélu à la présidence – puisqu’aux Etats-Unis, ce mandat ne peut être dévolu que deux fois à la même personne -, Obama pourrait davantage encore laisser libre cours, en matière de politique étrangère, à ses idées multilatéralistes autant qu’outrancièrement pacifistes. Lesquelles consistent à vouloir toujours ouvrir des « dialogues constructifs » avec les ennemis avoués des Etats-Unis et du monde démocratique (comme avec l’Iran et les mouvements islamistes radicaux), tout en poursuivant le désengagement militaire de l’Amérique déjà achevé en Irak et toujours en cours en Afghanistan.
Bien que dans ce contexte, ce soit plutôt l’Asie et la Chine – et certes plus le Moyen-Orient – qui constituent les régions préoccupant le plus Washington (voir à ce propos le discours sans équivoque d’Obama prononcé en janvier dernier sur « l’Etat de l’Union ») -, il est prévisible qu’il continuera de soutenir l’ascension au pouvoir des Frères musulmans (bientôt en Syrie et en Jordanie ?) dans les pays arabes déstabilisés, et qu’il accentuera aussi sans plus de retenue ses pressions sur Israël afin de lui arracher de nouvelles concessions unilatérales et sans nulle réciprocité en faveur des Palestiniens.
Bien que tout soit possible en la matière, il est aussi théoriquement prévisible qu’Obama manifestera beaucoup de réticences – stratégiques, humanitaires et financières – à faire entrer les USA dans un nouveau et dangereux conflit armé ayant pour objectif de barrer la route au nucléaire iranien.
Toutefois, l’un des rares « avantages » pour Israël – en forme de paradoxe – de l’éventuelle réélection d’Obama tiendrait au fait que le gouvernement de Jérusalem a déjà fait l’expérience de cette dégradation accentuée des liens d’amitié avec les Etats-Unis, tout en apprenant et en réussissant parfois, quatre années durant, à lui tenir bravement tête.

– SI MITT ROMNEY DEVENAIT PRESIDENT…

Apparemment, les options diplomatiques et de politique étrangère du candidat républicain semblent bien plus favorables à Israël : Romney déclare sans cesse qu’il soutiendra « par tous les moyens » l’interruption du dangereux programme nucléaire iranien et qu’il ne saurait « imposer une solution » à son allié israélien dans le compliqué dossier palestinien. Avant le démarrage de la campagne électorale officielle, Romney est même allé jusqu’à mettre en cause la pertinence de la fameuse « solution à deux Etats » pourtant préconisée voilà sept ans par le président républicain G. W. Bush.
Reprenant à son compte les arguments traditionnels de la défense bien comprise des intérêts américains » et du « monde libre » aux quatre coins de la planète face aux forces et régimes extrémistes ou totalitaires, le candidat républicain semble vouloir faire revenir les Etats-Unis à une politique plus unilatéraliste et interventionniste qui conviendrait en principe davantage à Israël dans tout le Moyen-Orient. Notamment parce qu’elle pourrait inverser la périlleuse politique de désengagement initiée par Obama.
Ainsi, a-t-il averti qu’il irait dans le sens des diverses résolutions adoptées par le Congrès américain qui conditionnent désormais l’importante aide financière annuelle des USA à des pays islamistes comme l’Egypte (désormais présidée par le Frère musulman Mohamed Morsi) au respect des minorités non-musulmanes et des droits de l’homme, ainsi que ceux de la femme.
Autant d’excellentes déclarations d’intention, surtout dans le contexte hautement déstabilisateur de tous les bouleversements en cours dans le monde arabe. Encore faudrait-il qu’une fois éventuellement arrivé à la Maison-Blanche, Romney sache se montrer bel et bien capable de les mettre concrètement en pratique…Par Richard Darmon,avec Hamodia.fr