Un rapport officiel de l’Agence Juive pointe une multiplication spectaculaire des actes antisémites à
travers le monde durant la guerre contre le Hamas. La France y est désignée en particulier comme un
pôle de violence. Et l’année 2009 ne s’annonce pas meilleure…

L’ACCALMIE ÉTAIT donc un leurre
: il a suffi qu’Israël se
décide à frapper le Hamas
pour que les actes antisémites qui
semblaient diminuer ne se propagent
comme un feu de poudre. Une
furia anti-juive aussi soudaine que
violente enregistrée dans le monde
entier, selon le rapport que vient de
publier le Forum pour la coordination
du combat contre l’antisémitisme.
« L’opération à Gaza a causé
une augmentation aiguë du nombre
d’événements antisémites de par
le monde, et cela après une baisse
dans le nombre de tels événements
en comparaison avec l’année 2007 »,
indiquent les experts de l’organisme
financé par l’Agence juive, le Bureau
du Premier ministre israélien
et le Bureau de la Diaspora.

C’est principalement l’Europe de
l’Ouest, où vivent d’importantes
communautés musulmanes, qui a
été frappée par cette vague. Mais
de nombreux actes antisémites ont
également été recensés en Amérique
du Sud, où certains dirigeants
comme le vénézuélien Hugo Chavez
se posent en héraut de l’antisionisme
radicale. Les États-Unis n’ont pas été
épargnés non plus, bien que le phénomène
y soit plus directement lié à
la crise économique, dont la vulgate
antisémite rend les financiers juifs
responsables : « Jusqu’au 23 janvier
de cette année, environ 250 événements
antisémites ont été recensés,
contre environ 80 pour la période
équivalente l’année dernière », précise
le rapport. Trois semaines durant
lesquelles « de nombreuses
manifestations contre Israël se sont
déroulées dans le monde entier ».
« Pendant ces manifestations, une
propagande antisémite agressive a
été entendue ainsi que des comparaisons
entre les actions de l’armée
israélienne et celles des nazis durant
la Shoah ». Chauffée à blanc, une
partie de l’opinion a donc franchi
le pas, rejetant sur ses concitoyens
juifs son opposition aux actions de
Tsahal. La liste des agressions dressées
par le Forum pour la Coordination
du combat contre l’antisémitisme
dresse ainsi une géographie
de la haine anti-juive.

Parmi les centaines d’actes recensés,
on notera par exemple qu’en
République tchèque, dans la ville de
Trebic, une synagogue désaffectée
a été recouverte du slogan : « Juifs,
tueurs d’enfants, rendez Gaza ».
Même chose à Curitiba (Brésil), à
Marensa (Espagne) ou à Munich
(Allemagne). À Londres dans le
quartier de Golden Green, les murs
se sont recouverts d’appels à « tuer
les Juifs immondes ». Au Venezuela,
c’est un rabbin qui a été agressé
à coups de bouteilles et de couteau.
En Irlande, un député n’a pas hésité
à comparer publiquement le
seul parlementaire juif du pays à
« Joseph Goebbels ». En Turquie,
des manifestations massives contre
Israël ont été accompagnées de dégâts
contre des institutions israéliennes,
de menaces contre la vie de
Juifs et de harcèlement contre des
commerces leur appartenant. Sans
parler, évidemment, de la France
où plus de 60 agressions contre
des Juifs ont été enregistrées au
cours de la même période, dont des
tentatives de meurtres, des attaques
contre des synagogues ou des
d’incendies….

Le rapport qualifie d’ailleurs l’Hexagone
de « championne des incidents
antisémites ». « La France reste le
foyer central du nombre d’événements
antisémites et de leur intensité
», précise-t-il. Seule exception
dans ce sombre tableau, l’ancienne
Union Soviétique et l’Europe de
l’Est où le nombre d’incidents antisémites
est resté stable.
La baisse des actes anti-juifs enregistrée
en 2008 n’aurait donc
été que conjoncturelle, craignent
les experts du Forum. Ils notent
ainsi « une baisse de 15 % du nombre
d’événements antisémites dans
le monde, en comparaison avec la
période 2007 à 2008 – et même
une baisse significative du nombre
d’événements antisémites en France
en 2008, sans soute grâce à l’amélioration
du renforcement de la loi
par les autorités françaises », souligne
le rapport. Et si la situation
a semblé s’apaiser dans les jours
qui ont suivi la fin de l’opération
« Plomb durci », l’écho donné par
les médias internationaux aux témoignages
de Gazaouis « risque
d’éveiller une nouvelle vague d’antisémitisme
».
La suite de l’année 2009 ne s’annonce
d’ailleurs pas meilleure. Selon
le Forum pour la coordination
du combat contre l’antisémitisme,
il y a en effet toutes les raisons de
s’inquiéter pour le sort des communautés
juives de Diaspora. « L’aggravation
de la crise économique
pendant l’année 2009 et l’élargissement
de son impact sur les populations
les plus faibles, risquent de
causer une nouvelle augmentation
du nombre d’événements contre les
étrangers en général et contre les
Juifs en particulier ». « Parallèlement,
la population musulmane,
particulièrement en Europe, risque
également d’avoir un impact sur la
continuation de la tendance d’augmentation
des incidents antisémites,
alors que l’Iran, les pays arabes
et les organisations terroristes
continuent à mener leur campagne
et leur incitation à l’antisémitisme
et contre Israël », conclut le
rapport.

SERGE GOLAN


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