Elle était la petite-fille du tsadik de Jérusalem, reb Arié Lévine. Elle était également la fille du décisionnaire ashkénaze de notre génération, le rav Yossef Chalom Éliachiv chlita. Elle était aussi l'épouse du tsadik, rav 'Haïm Kanievski chlita. Mais pour tous, la rabbanite Batchéva Kanievski était avant tout la mère du Klal Israël.
Mais pour tous, la rabbanite Batchéva Kanievski était avant tout la mère du Klal Israël. Pour des dizaines de milliers de femmes en Israël comme en diaspora, elle était celle à qui l'on peut tout confier, celle qui saura trouver les mots de réconfort, celle qui saura choisir la bénédiction spécifique dont la Néchama a tant besoin. La rabbanite Kanievski s'est éteinte durant le Chabbat de Souccot, laissant après elle des centaines de milliers de personnes partageant le sentiment qu'elles sont désormais un peu orphelines.
À 14 h 15, le Chabbat 17 Tichri, le grand cœur de la rabbanite Batchéva Kanievski a cessé de battre. Pour les 50 000 personnes présentes à son enterrement et pour les dizaines de milliers d'autres qui n'y ont pas assisté, mais dont le cœur battait à l'unisson avec le cortège, la rabbanite Kanievski était bien plus qu'une rabbanite. Elle était une seconde mère, un soutien, un pilier.
Durant les 79 ans qu'a duré sa vie, Batchéva Kanievski a réussi à réunir autour d'elle une quantité invraisemblable d'élèves qui ont ressenti au plus profond de leur âme l'amour qu'elle portait à chacune d'entre elles.
Durant toute sa vie, la journée de la rabbanite débutait… au milieu de la nuit. C'est aux alentours de 3 h 30 du matin que son époux, le rav 'Haïm Kanievski et elle-même se réveillaient. Ils s'asseyaient tous les deux dans le salon-salle à manger-bibliothèque et récitait les prières du matin (Birkot Hacha'har) : d'abord le rav, ensuite la rabbanite, chacun d'eux répondant à l'autre amen à chacune de ses Bra’hot. Elle préparait alors deux verres de thé, l'un pour son époux, le second pour elle.
Les minutes suivantes étaient consacrées à l'étude et aux prières. Puis, le moment arrivait de se rendre à la synagogue jouxtant l'appartement du 20 de la rue Rachbam, la Lederman Shule.
Le rav et la rabbanite se rendaient ensemble au minyane du Hanetz Ha'hama. C'est là que les attendaient les premières personnes venues demander une bénédiction.
Rares sont les Baté Knesset où le côté réservé aux femmes est rempli chaque matin, surtout lorsqu'il s'agit d'une téfila débutant bien avant le lever du soleil. Mais dans la Beth Knesset Lederman, chaque matin, des dizaines, parfois même des centaines de femmes attendaient chaque jour d'avoir l'occasion de parler avec la rabbanite, de prendre conseil, de trancher une décision.
Cette confiance aveugle dans les prières et les compétences de la rabbanite Kanievski ne s'est pas construite en un jour. La rabbanite elle-même n'a jamais cherché à transformer sa maison en lieu de pèlerinage.
Tout commence lorsque, fidèle aux enseignements de son grand-père, le rav Arié Lévine zatsal, la rabbanite Batchéva ouvre ses portes aux nécessiteux de tout genre. L'expression '' ouvrir ses portes '' est à prendre au sens strict du terme : en effet, durant des décennies, la porte du domicile du rav et de la rabbanite Kanievski n'a quasiment jamais été fermée.
Cette maison de laquelle ont retenti tant de prières, il faut une minute pour en faire le tour : un couloir, une salle à manger où les livres cachent les murs du sol au plafond, une cuisine minuscule, une chambre à coucher et enfin une terrasse transformée elle aussi en chambre à coucher. C'est là que le rav et la rabbanite ont élevé leurs huit enfants. Sans compter les deux ou trois pauvres qui séjournaient durant de longues périodes dans l'appartement.
Un jour qu'une très riche donatrice de Koupat Haïr, l'institution de Tsédaka fondée par le rav Kanievski, vient rendre visite à la rabbanite, elle fond en larmes en voyant la taille et la pauvreté de la cuisine. La rabbanite ne comprend pas du tout les raisons de ces pleurs soudains. « J'ai de la peine pour vous », lui répond la dame. « De la peine ? Mais c'est la plus belle cuisine du monde que vous voyez là! Dans cette cuisine ont été cuisinés durant des décennies des plats confectionnés pour mon mari, mes enfants et mes petits-enfants. Il n'y a pas plus belle cuisine ! »
Après la téfila au Nets et durant toute la matinée, la maison de la rue Rachbam ne désemplit pas. Car la réputation des bra'hot de la rabbanite a dépassé de loin les limites de la ville Bné-Brak et même les frontières du pays.
Laïques, religieuses, orthodoxes : les femmes venues demander une bra'ha sont issues de tous les milieux. Jeunes et âgées, mariées ou célibataires, mères ou en attente de l'être, toutes viennent voir la rabbanite Batchéva. Elles ne partiront pas sans voir reçu le conseil tant attendu, ou la bra'ha si réconfortante ou encore, pour les femmes sur le point de mettre au monde un enfant, sans un morceau de la fameuse confiture d'étrog confectionnée chaque année par la rabbanite à partir des dizaines d'étroguim de son époux. Aucune femme de Bné-Brak n'envisagerait de se rendre à la maternité sans être passée par la rabbanite…
On raconte qu'un jour que le rav Kanievski tomba malade, il se rendit chez son beau-père, le rav Éliachiv, pour qu'il prie pour son prompt rétablissement. Le rav Éliachiv lui aurait alors répondu: « Rends toi chez ton épouse, ma fille. Sa bra'ha vaut plus que la mienne ».
En effet, lorsque le rav Éliachiv apprend tous les actes de 'hessed que sa fille accomplit, il affirme alors : « Je comprends d'où elle tire la force de sa bra'ha ». Le rav Éliachiv n'a pour le moment pas été tenu au courant du décès de la rabbanite : selon ses proches, en effet, son état de santé est trop fragile pour lui annoncer une nouvelle si affligeante.
Celles qui ont eu la chance de rencontrer la rabbanite affirment que son '' secret '' résidait dans le fait qu'elle donnait à chacun de ses interlocuteurs le sentiment qu'il était seul au monde. Elle conférait à tous le sentiment qu'il/elle était son enfant et qu'il était aimé. Elle se rappelait de ce qu'une telle avait demandé lors de sa dernière visite et, comme en témoigne l'un des dirigeants de l'association Koupat Haïr, connaissait sur le bout des doigts la situation de chacune des familles qu'elle avait adressées à cet organisme de Tsédaka. « Elle ne prenait jamais d'argent pour elle, mais distribuait tout à la Koupa. Elle suivait de très près la situation de plusieurs dizaines de familles, allant même jusqu'à remplir les dossiers et gérant même leur budget dans certains cas. »
Au lendemain de l'enterrement, le rav Kanievski a réuni ses filles et leur a déclaré: « Avec le départ de votre mère zal, c'est un énorme vide qui s'est formé. De nombreuses femmes n'ont plus vers qui se tourner ». Pour le rav, il était important que quelqu'un '' prenne la place '' de son épouse défunte et c'est sa fille, la rabbanite Koldetsky, qu'il a désignée. C'est désormais elle qui recevra les questions du public adressées à son père et tentera de combler ce fameux '' vide '' laissée par le départ de sa mère.
Les histoires de miracles concernant la rabbanite sont trop nombreuses pour qu'on les détaille ici : des centaines d'enfants sont nés grâce à ses bra'hot et alors que les médecins ne laissaient aucune chance aux parents d'enfanter un jour. Des femmes malades ont miraculeusement guéri après lui avoir rendu visite. Des célibataires ont trouvé l'âme sœur après avoir suivi ses conseils.
Lorsqu'on lui demandait comment elle expliquait ces miracles, la rabbanite affirmait : « Je n'accomplis aucun miracle. Par contre, je m'implique totalement lorsque je bénis quelqu'un ou que j'implore Hachem pour lui. Peut-être que c'est ce qui aide… »En partenariat avec Hamodia.fr
