A quelques jours du scrutin pour la Knesset, Yossi Taïeb, candidat francophone sur la liste de Shass (12e place) répond aux questions du LPH.

Le P’tit Hebdo: La campagne actuelle est très axée sur le thème Etat et religion. Les religieux et notamment les orthodoxes sont attaqués frontalement par Avigdor Lieberman et Yaïr Lapid. Pourquoi Shass ne réagit pas ?

Y.T.: Nous avons choisi de mener une campagne positive, qui rassemble, au contraire de celle qu’ont choisie Lieberman et Lapid. Nous n’avons qu’un seul pays et nous avons besoin de nous unir pour y vivre le mieux possible. Nous avons, certes, des différends mais nous pouvons faire de la politique sans se diviser. Avigdor Lieberman est un opportuniste. Aujourd’hui, nous savons qu’il est motivé par une rancœur personnelle contre Binyamin Netanyahou. Il s’attaque à un public très large, des traditionnalistes aux orthodoxes, c’est sa stratégie et Arié Derhy a décidé de ne pas se laisser prendre dans son jeu. Nous avons souhaité nous rapprocher de nos électeurs, de ceux qui nous ont toujours fait confiance. Même s’il nous parait évident que Shass a toujours été un parti social, nous avons toujours œuvré pour la diminution du coût de la vie, pour l’augmentation des salaires, pour des aides sociales toujours plus importantes pour tous, cela doit être rappelé.

 

Lph: Seriez-vous prêts à siéger avec Kahol Lavan dans le gouvernement?

Y.T.: Nous n’avons d’a priori sur personne. Mais nous ne siègerons pas avec un parti qui affiche ouvertement sa volonté d’exclure toute une frange de la population.

Shass est main dans la main avec Binyamin Netanyahou que nous estimons être le meilleur. Si nous voulons que Shass soit fort, c’est pour le renforcer sur deux points, qui sont, malheureusement, faibles au Likoud : le social et la préservation des valeurs du judaïsme. D’ailleurs, ce sont deux principes dans lesquels les électeurs francophones se reconnaissent.

 

Lph: Shass place un candidat francophone en 12e position et pourtant, quand on pense aux partis qui agissent pour les Francophones, on ne pense pas automatiquement à Shass. Comment expliquez-vous cela?

Y.T.: Je suis effectivement en place éligible. Arié Derhy m’a même fait monter de la 15e à la 12e place par rapport aux élections d’avril. Avec Shass à 10 mandats, je suis assuré de rentrer à la Knesset et d’y représenter les intérêts des Francophones du pays.

Notre image a, longtemps, été biaisée dans les médias. On a présenté Shass comme un parti sectaire, qui ne s’adresserait qu’aux orthodoxes des yechivot. C’est faux. Shass a toujours été un parti ouvert, axé sur l’amour de tous les Juifs, de la terre d’Israël et attaché à la préservation de nos valeurs juives. En réalité, c’est un parti qui reflète parfaitement ce que sont les Juifs traditionnalistes qui ont grandi en France.

Shass a déjà démontré sa volonté d’aider les olim de France et il est le parti qui a le plus de représentants francophones dans les municipalités, avec 4 conseillers municipaux francophones dans tout le pays. La révolution se poursuit sur le plan national et le public francophone a compris qu’il peut s’identifier à ce que nous représentons.

 

Lph: Concrètement avez-vous un programme pour l’intégration des olim de France?

Y.T.: Oui, et il repose sur trois axes principaux. L’éducation avec la création d’un réseau d’écoles franco-israéliennes. Le deuxième point est l’aspect communautaire, cher à la alya de France, habituée à vivre autour de communautés. Le troisième est l’emploi, avec notamment la reconnaissance de diplômes que nous voulons élargir aux métiers manuels mais aussi aux rabbins. Sur ce point, nous rejoignons l’aspect communautaire que j’évoquais. Au sein du ministère des Cultes, nous avons ouvert un département français et nous souhaitons pouvoir permettre aux Rabbins qui ont exercé en France, de transposer leur activité en Israël, en étant reconnu officiellement par la Rabbanout Harachit.

 

Lph: Shass demandera-t-il, cette fois aussi, le ministère de l’alya et de l’intégration?

Y.T.: Oui, cela fait partie de nos ambitions. Déjà au mois d’avril, dans l’ébauche de l’accord de coalition nous avions obtenu beaucoup de budgets pour les olim de France, nous en ferons encore un point incontournable et nous demanderons le ministère de l’alya et de l’intégration.

Source: LPH